J’ai le grand privilège d’accompagner plusieurs sportifs dans l’atteinte de leurs objectifs. Je vous raconte aujourd’hui l’histoire de course, par le filtre de la personne que je suis, d’une de mes athlètes inspirantes de 42 ans — une amoureuse passionnée, une maman présente, une amie bienveillante et une travailleuse à plein temps — qui partage ce bonheur de courir.
Marie-Christine est à Petite-Rivière-Saint-François, sur la ligne de départ d’une course en sentier : le Québec Méga Trail (QMT). Cette course de 100 km est catégorisée par les organisateurs dans les plus difficiles au monde. C’est la première fois qu’elle fera une telle sortie. Mais elle est prête.
Dans les prochaines heures, la coureuse sait qu’elle aura des passages difficiles à traverser. Tantôt les roches, tantôt les racines de toutes les formes l’obligeront à zigzaguer pour trouver la meilleure voie.
Le dénivelé de près de 5000 m a de quoi faire peur. Même « miss météo » pourrait s’en mêler. Le sentier risque d’être parfois sec, parfois mouillé : deux types de surfaces complètement différentes.
Et que dire de la journée humide qui est au programme ; rien pour aider la coureuse lors de ses efforts les plus difficiles.
30 juin, 12 h 30
Au ravitaillement de Saint-Tite-des-Caps, qui marque les 50 premiers km de course, quelques amis et moi attendons Marie-Christine.
Je suis soulagée de voir apparaître enfin sa silhouette au loin. Le pas de course est bon, ce qui laisse présager l’état dans lequel elle est. La voilà près de nous, tout en sourire de voir les gens qui l’attendent.
Plusieurs participants choisissent d’arrêter la course là. Pas elle. Elle change ses espadrilles et mange un peu. Je la félicite pour ce qui est déjà fait et je la laisse partir dans ce qui s’avérera être la partie la plus difficile du parcours.
La prochaine fois que je la verrai, je partirai avec elle. Les coureurs d’ultra (un ultra, dans le monde de la course, est une distance dépassant celle du marathon) ont souvent la chance de terminer leur course avec des gens qu’ils choisissent... et c’est moi qui aurai le privilège de le faire cette fois-ci pour Marie-Christine.
30 juin, 17 h
Au pied des pistes du mont Sainte-Anne, c’est la célébration. Des coureurs ayant complété leur course de 50 et 70 km arrivent depuis déjà quelques heures. Des partisans sont là. L’accueil est parfois tellement touchant ; une enfant qui termine la course avec son papa main dans la main, par exemple.
Les coureurs du 100 km, eux, n’arrêtent pas leur épreuve à ce passage. Ils s’apprêtent plutôt à faire une boucle supplémentaire de 24 km qui débute par une montée impressionnante (du genre qu’on préfère descendre avec des skis).
Et, après 76 km d’efforts, voici Marie-Christine. Elle est un peu mal en point. Je suis prête à la suivre dans les derniers passages et à tout faire pour la meilleure des finalités.
Les kilomètres passent les uns après les autres. C’est difficile. Je suis là, avec elle, mais surtout pour elle. Quelle force, quel courage, quelle endurance, quelle folie diront certains.
30 juin, 22 h
L’arche d’arrivée est devant Marie-Christine Dion, une GRANDE coureuse. Un seul mot : « ouf ! » Quelle récompense de savoir en plus qu’elle est la troisième femme à terminer ces 100 km. Époustouflant !
Et quand je lui demande : « Marie, pourquoi tu fais ça ? » Elle me répond : « Pour le plaisir ! »